Demain pourquoi un taux zéro sur l’épargne n’est pas impossible ?

Xavier Laoureux
Xavier Laoureux
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Vous avez peut-être entendu dire que certaines banques souhaitent baisser à 0 % le rendement minimum légal sur les comptes épargne. Comment donc expliquer que les banques utilisent notre argent mais ne nous en donnent que pas ou peu d’intérêts en retour ?

Voici, en quelques mots pour faire simple, pourquoi on est arrivé à cette situation.

Des taux d’intérêt très bas

Le taux d’intérêt est en quelque sorte le garant du dédommagement du prêteur par l’emprunteur. Celui-ci cherche en effet à récupérer la somme qu’il a prêtée et à compenser le fait qu’il n’aura pu l’utiliser pendant un certain temps.

Deux facteurs influencent la récupération de la somme prêtée : le risque de ne pas retrouver le montant total et la durée du prêt.

  • Le risque de ne pas retrouver le montant prêté est lié à l’inflation. L’argent perd de sa valeur au fil des années. Ainsi 100€ prêtés en 2002 valent moins que 100€ aujourd’hui.
    Plus le risque de dévalorisation est élevé, plus les intérêts devront le compenser en étant plus élevés. Il importe que cela veille la peine de courir le risque.
  • La durée du prêt représente le temps pendant lequel le prêteur ne pourra pas disposer de son argent. Plus elle est longue, plus le prêteur est pénalisé. Il lui faut donc une compensation proportionnelle.

C’est la BCE qui décide de l’orientation des taux d’intérêt en fixant son propre taux d’intérêt principal, par lequel elle refinance les banques commerciales. Depuis 2016, elle a fixé ce taux à 0 %, notamment pour stimuler l’injection d’argent dans l’économie réelle.

Comme aujourd’hui les perspectives d’inflation dans la zone euro sont faibles, le risque est peu présent. Cela concourt au maintien de taux d’intérêt très bas.

Un taux d’intérêt négatif

Lorsque la BCE fixe son taux de refinancement à 0%, cela peut entraîner des situations où concrètement, le taux va devenir négatif.

Deux exemples nous permettront de mieux comprendre.

  • J’achète une obligation à 10 ans pour 100€. Elle me donne un coupon annuel de 1.5€. Comme sa valeur est garantie, après 10 ans, je récupèrerai les 100€ et j’aurai touché 15€ de coupons. Je serai donc en possession de 115€.
  • Il peut cependant arriver que le marché des obligations amène à acheter 118€ une obligation à 10 ans de valeur 100€ parce qu’elle est fort demandée. Après 10 ans je retoucherai la valeur de l’obligation soit 100€ plus les 15€ de coupons. Cette obligation m’aura rapporté 115€ mais comme je l’aurais payée 118€, j’aurais au total perdu 3€. C’est donc un taux d’intérêt négatif.

D’autres cas peuvent se présenter comme lorsque les banques commerciales ont recours aux services de la BCE. Depuis 2008, les banques commerciales sont obligées de garder plus de liquidités afin de pouvoir faire face aux éventuels défauts de paiement de leurs emprunteurs. La BCE leur impose de déposer auprès d’elle un pourcentage des dépôts qu’elles collectent. Mais d'un autre côté, pour les stimuler à injecter le plus d’argent possible dans l’activité économique réelle, la BCE ne propose qu’un taux légèrement négatif.

Les banques commerciales sont ainsi coincées puisque la différence entre les sommes qu’elles prêtent et les intérêts qu’elles gagnent est presque nulle.

Le compte d’épargne

Avec très peu de rentrées d’intérêts des emprunteurs, les banques commerciales ne peuvent proposer aux épargnants que des intérêts encore inférieurs. Ainsi s’explique la volonté de  faire tendre le taux d’intérêt à zéro avec pour conséquence la rentabilité quasi nulle des comptes d’épargne.

Comme les taux d’intérêt sont très bas voire nuls, les comptes d’épargne sont devenus peu attractifs. Beaucoup en déduisent qu’il vaut mieux disposer de son argent que le mettre en épargne. Cette réalité participe à la volonté de provoquer un  surcroit d'activité économique en facilitant la consommation des familles qui elle-même appelle une augmentation de la production qui va développer la possibilité d’emploi !

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Xavier Laoureux

Xavier Laoureux est le co-fondateur de mozzeno. Créée en 2016, mozzeno est la plateforme digitale belge qui permet à des particuliers et des professionnels de se prêter indirectement de l'argent. Xavier, spécialiste des secteurs financiers et marketing, cherche à toujours captiver le lecteur avec du contenu et des actualités sur le crédit et l'investissement.

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Cet article a été révisé le , par Véronique Delmoitié, Head of Finance & Admin

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